Ahmed Sékou TRAORE : Un maire pour quatre jours

Que s’est-il passé à la mairie de Ratoma ? Ahmed Sékou Traoré aurait-il illégalement tenté de supplanter Sékou Batouta Camara ? Ou bien ce dernier, faisant valoir des relations haut-placées, aurait-il réussi à récupérer une fonction qu’il ne peut plus exercer ? Enfin, l’administration guinéenne aurait-elle péché par son amateurisme légendaire ? Comme on le voit les questions sont nombreuses au sujet des derniers événements qui ont caractérisé la gestion de la mairie de la commune de Ratoma.

Tout est parti d’un arrêté ministériel publié par le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Alhassane Condé, le 28 octobre 2014. Dans cet acte ministériel, il était substantiellement question du remplacement du président de la délégation spéciale titulaire en la personne de Sékou Batouta Camara, par Ahmed Sékou Traoré. Cette décision intervient après une longue période d’hésitation liée en partie à l’évacuation de Sékou Batouta Camara au Maroc pour des nécessités de soins médicaux. Lasses d’attendre et de compromettre ainsi le fonctionnement normal de la mairie, elles décidaient alors de remplacer le maire malade. Tout le monde a alors cru que c’en était terminé de l’histoire.

Malheureusement, c’était loin d’être le cas. Car, à peine installé, Ahmed Sékou Traoré s’est vu notifier une contre-décision stipulant qu’il devait rendre le fauteuil à son occupant initial qui, comme par enchantement, s’est subitement remis de sa maladie. Tout cela en moins d’une semaine. Contraint d’obéir, le désormais ‘’plus bref maire de Guinée’’ n’a bien entendu pas eu le choix. En conséquence, trois jours seulement après son installation, il devait de nouveau passer le flambeau à Sékou Batouta Camara. Mieux, à cette nouvelle cérémonie qui s’est déroulée hier, il a feint le content et a remercié toute la hiérarchie pour la confiance brève placée en sa personne. Il s’est naturellement engagé à se mettre au service de celui qu’il était tout heureux de remplacer il y a quelques jours.

Ce que l’on ne comprend pas cependant dans cette histoire, c’est le fait que l’administration, à travers notamment le gouvernorat de Conakry ait été associée à tout cela, du début à la fin. Ainsi, c’est le directeur de cabinet de Sékouba Sorel Camara qui, en personne, a présidé les deux cérémonies d’installation et de passation de service. Un autre problème posé par le retour de Sékou Batouta Camara, c’est son sort par rapport au drame de Rogbané. On se rappelle en effet, qu’inculpé, il avait été relativement épargné pour, dit-on, raisons de maladie. D’ailleurs, les artistes proches de Malick Kébé et d’Ablaye Mbaye détenus à la maison centrale de Conakry, ne manquent pas de dénoncer ce qu’ils appellent le deux poids deux mesures de la justice guinéenne dans la gestion de ce dossier.

Anna Diakité, www.kababachir.com

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