Les propos tenus par le président Alpha Condé à l’occasion de la dernière sortie qu’il a effectuée dans la région de Boké continuent d’alimenter la chronique nationale. Il en est ainsi de la mise en garde que le chef de l’Etat y a adressée aux fauteurs de troubles. Une mise en garde qui, de toute évidence, parait à la fois tardive et contre-productive.
« Il faut qu’on accepte la loi. C’est anormal pour un citoyen de bloquer la route et se mettre à parler sans être inquiété. La pagaille est terminée. On ne doit pas se comporter comme des bœufs », pour beaucoup de Guinéens, le souhait que le président de la République formule dans cet extrait n’a rien de nouveau. De manière sporadique, il a à plusieurs reprises depuis son élection, exprimé de tels vœux. Mais il s’en est, à chaque fois, tenu aux fermes mais verbaux engagements. Au point où sa dernière sortie à Kamsar ne suscite aucun enthousiasme chez les Guinéens. On se dit que c’est déjà entendu. Au-delà, bien de Guinéens se demandent ce que le chef de l’Etat pourrait faire, alors qu’il en est désormais au début de la dernière année de son mandat. Que peut-il faire en un an qu’il n’a pas pu faire en quatre ans ? se demande-t-on ?
Par ailleurs, à écouter le discours du président, on se dit qu’il y a un inquiétant risque de violation du principe de la séparation des pouvoirs. Comme il l’avait fait à Mamou, le président Alpha Condé a en effet, déclaré, en outre : « Quiconque m’insulte sera poursuivi. Ça c’est clair. J’ai beaucoup pardonné, mais en dansant avec un individu, montre-lui qu’il n’est pas le seul sur la piste ». Le chef de l’Etat ne s’érige-t-il pas ici en procureur ? Est-ce à lui de décréter la poursuite ? ne devrait-il pas laisser à la justice le soin d’apprécier le caractère infractionnel de tel ou tel propos ou acte ? Sa démarche est d’autant plus dangereuse qu’on se rappelle que c’est après des menaces du même genre que les ennuis d’Elie Kamano ont commencés.
Anna Diakité, www.kababachir.com
