Ce samedi, le président Alpha Condé s’est rendu de manière impromptue à Mamou. Selon la version officielle, il se serait autorisé cette sortie pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux en chantier en prévision des festivités du 56ème anniversaire de l’indépendance nationale, reportées à décembre prochain. Mais dans le contexte très marqué par Ebola, cette sortie n’était pas du tout nécessaire.
En effet, au moment où le président américain, Barack Obama, modifie son agenda pour se mettre à l’heure d’Ebola et alors que les pays renforcent les mesures de contrôles sur les Guinéens foulant l’espace Schengen, s’offrir un bain de foule dans les rues de Mamou n’était pas en effet une priorité. Ce n’est certainement pas de cette façon qu’on prouvera au monde entier que nous avons conscience des efforts consentis pour nous aider à nous débarrasser de cette maladie. Le président de la République, lui-même, l’a dit. La priorité des priorités, c’est bien Ebola. La fête de l’indépendance n’a rien d’exceptionnel. Mais voilà que lui-même transgresse cet ordre de priorité.
Déjà, beaucoup de Guinéens pensent qu’il passe beaucoup plus de temps à se rendre à l’étranger au lieu de se concentrer sur la tragédie qui affecte le pays, le voilà qui s’autorise des sorties à relents de campagne électorale. Parce qu’en réalité, ce déplacement dans la ville-carrefour n’a d’objet que de narguer des opposants. En se servant des chantiers du 56ème anniversaire comme prétexte, le chef de l’Etat a envie de secouer ses opposants, en défiant notamment le premier d’entre eux, dans son propre fief. C’est à cela que sert la promenade présidentielle à travers les rues de Mamou. Autrement, installé dans son véhicule, il se serait rendu dans chacun des chantiers. Mais il avait besoin de se faire applaudir, de se faire ovationner, de se faire chanter. Ce qui, naturellement, est éminemment politique.
Le risque cependant c’est que des partenaires pourraient voir dans cette démarche une sorte de négligence et de banalisation de la situation par le président. Ce dont le pays n’a nullement besoin aujourd’hui.
Anna Diakité, www.kababachir.com