Que retenir de la gouvernance d’Alpha Condé, après quatre ans bien sonnés à la tête de la République de Guinée ? Les avis sont mitigés. Certains ont vu l’homme comme le seul sauveur d’un pays et non un Etat déjà sérieusement entamé. D’autres ont une lecture toute autre de la gouvernance d’Alpha Condé. Que de pleurs, de compromission, de cristallisation des clivages ethniques, de détournements de fonds publics, d’impunité, le tout coloré par l’atteinte des PPTE. Une imposture en somme qui a fait de la gouvernance d’Alpha Condé l’une des plus désastreuses de ces dernières années.
Lorsqu’il prêtait serment le 21 décembre 2010, avec le statut de ‘’Premier président démocratiquement élu de la Guinée’’, Alpha Condé avait fait croire aux Guinéens qu’il était un mobilisateur, qu’il était capable de gouverner autrement, en sauvegardant le tissu social. Quelques mois après, c’est le vrai faux complot de Kipé. Des officiers sont embastillés, des leaders politiques, des opérateurs économiques et anciens dignitaires poussés à l’exil. Et nouvel élu revendique pourtant plus de 40 ans de lutte pour l’instauration de la démocratie. Allez-y savoir ce qu’il a appris. En attendant, la Guinée est sur du faux. On nous avait promis du courant 18h sur 24. Tout est faux. On nous avait promis de l’eau courante. Tout est faux. On nous parle aujourd’hui, quatre ans après, de tuyaux de conduites et de transport à changer. On nous avait demandé d’attacher la ceinture qu’après les PPTE, la Guinée et les Guinéens cueilleront les délices de la gouvernance Condé. La suite, on la connait : une imposture digne d’un opposant historique. De l’amateurisme, du copinage, du tribalisme et du militantisme font le reste dans une administration poussive et portée sur le manque de résultats. On pique des fonds publics partout. Mais la complaisance aidant, les voleurs de la République se la coulent douce. Derrière le RPG, parti au pouvoir.
On nous avait aussi juré de ne jamais prendre dans la gestion des affaires publiques, d’anciens hauts cadres de Lansana Conté. Aujourd’hui, les faits parlent d’eux-mêmes. On dépoussière par-ci, on meuble par-là. Quand on vole, on change de portefeuille. Côté gestion politique, le bilan est plutôt macabre. Près de cent morts pour se trouver un cadre de dialogue pour discuter des préoccupations de l’heure dont l’organisation des élections. Les auteurs et commanditaires de ces crimes jusque-là impunis courent toujours. Des boutiques ont été vandalisées, des voitures et autres concessions privées mises à sac. Des éliminations ciblées sont orchestrées. On tue sans aucune autre forme de procès.
Quatre ans d’Alpha Condé, c’est déjà suffisant. Les Guinéens ne se sont jamais autant détestés. Autant méfiants l’un vis-à-vis de l’autre. Pour un changement inespéré, – du ramassis en somme – c’en est vraiment un. On navigue à vue, sans aucune réelle visibilité. On mise sur des taux de croissance impossibles, comme pour dire aux bailleurs que la Guinée is back. Du n’importe quoi, cette Guinée malmenée, éreintée, divisée et compromise à jamais. Quatre ans d’imposture, quatre ans de vols, quatre d’injustice, quatre de spoliation, quatre d’assassinats, quatre ans de fermeture de sociétés jetant des Guinéens sur le carreau, sans emploi, etc. la Guinée est bien servie. Vraiment !
Jeanne Fofana, www.kababachir.com