Les députés de l’opposition quittent le parlement en guise de protestation contre la publication du chronogramme électoral par la Ceni. On ne sait pas si Claude Kory Kondiano va sévir comme il l’avait menacé ou si, comme son mentor de Sékhoutouréya, ce fut un effet d’annonce pour dissuader les opposants.
En tout cas, au cours de la clôture de la dernière session dite des lois, le mammouth du Parlement a reconnu n’avoir pas opté pour des sanctions. D’où le désordre sans précédent. « Je me suis abstenu d’appliquer les sanctions disciplinaires prévues par le Règlement Intérieur à tous ceux d’entre vous qui ont volontairement ou par ignorance choisi de se livrer à des comportements sanctionnés par les Articles 50, 55 et 56 dudit Règlement. A la deuxième année de notre mandat les actes de ce genre ne seront plus excusés », lance le président de l’Assemblée nationale à ses collègues députés. Cette menace amuse plus qu’elle n’effraie. Selon Mohamed Bérété, secrétaire général de l’Assemblée nationale, cité par un confrère, «un député qui ne siège pas, perd les indemnités et autres traitement dus à l’exception de son salaire ». Pour y arriver poursuit-il, le député doit refuser de siéger pour deux sessions ordinaires annuelles des lois. Cette option sera certainement contre-productive : elle ajoute de la radicalisation. Mais, la loi reste la loi.
A Kondiano et à la majorité parlementaire de voir la bonne démarche. En tout état de cause, l’absence des députés au parlement a des incidences : le nombre de députés issus de l’opposition pourrait « provoquer une précarité institutionnelle. Par conséquent, aucun camp n’ayant 76 sièges, la majorité ne pourra donc pas faire passer des lois organiques », note un spécialiste du droit. De l’avis de Mohamed Camara, comme c’est de lui qu’il s’agit, « en l’absence de l’opposition parlementaire, il sera impossible de renouveler le bureau du parlement, dont le mandat est d’un an, et il expire en avril prochain. »
Quoiqu’il en soit soutient l’homme de droit, devant des confrères, « ce boycott pourrait ternir l’image de la Guinée à l’étranger. Et il serait difficile pour des partenaires sérieux de collaborer avec une institution décapitée. »L’opposition républicaine, elle soutient, à travers son porte-parole : «Les 51 députés qui constituent plus de 45% des députés à l’Assemblée nationale ont donc décidés de suspendre leur participation aux travaux du parlement. Ce qui donc va ôter durant cette période toute légitimité à l’Assemblée nationale.» C’est tout dire.
Jeanne Fofana, www.kababachir.com