Au sein du mouvement social guinéen, après la grève, le temps est à l’explication de la suspension de celle-ci. Et en la matière, force est d’admettre que la tâche n’est pas particulièrement facile pour des syndicalistes qui avaient placé la barre très haut et que n’ont récolté que des miettes. Encore que celles-ci ne sont que des promesses.
Du coup, quand il s’agit de faire avaler la pilule à une opinion qui voyait en la grève l’occasion d’exiger du gouvernement des comptes, les choses ne sont jamais très évidentes. C’est un peu ce que nous avons constaté avec l’un des syndicalistes en la personne de Casimir Diaora, le secrétaire général du Syndicat professionnel de l’éducation en Guinée (SPEG), lui-même affilié à l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG).
Invité dans l’émission « Club de la presse » de la radio privée Djigui FM de ce dimanche, le syndicaliste a eu du mal à se sortir du débat. Ayant particulièrement de la peine à faire admettre le fait que la grève ait été suspendue sans une once de concession à propos du principal point de revendication qu’était la baisse du prix du carburant, il a fini par avouer qu’en réalité, ce n’était pas là, aux yeux des syndicalistes eux-mêmes, la principale requête. Acculé, il a même fini par lancer « L’impact du carburant est nul ! ».
Poursuivant dans cette logique, il a fini par avouer que la revendication relative à la baisse du prix du carburant relevait d’une surenchère dont le mouvement syndical avait pleinement conscience. Ce serait une revendication dont le réel objectif était de focaliser l’attention des populations en vue de susciter leur massive adhésion au mot d’ordre de la grève. En quelque sorte, c’était le cri de ralliement pour faire pression sur les autorités, en vue d’obtenir des avancées sur les 12 autres points.
De toute évidence, cette sortie est révélatrice de la difficulté dans laquelle se trouvent les syndicalistes au lendemain de cette grève. Car à supposer que cette révélation soit authentique, elle supposerait que le mouvement syndical a berné les autres travailleurs. Et si elle n’est que le fruit d’une panique, ce serait là un manque de sérénité qui en dit long sur l’état d’âme de ces mêmes syndicalistes.
Anna Diakité, www.kababachir.com