Que se passe-t-il dans le couple que forment le gouvernement et le Conseil national des organisations de la société civile de Guinée (CNOSCG) ? Car c’est bien d’un couple dont il s’est agi. Tant les deux entités ont filé le parfait amour depuis que l’instance jadis faitière de la société civile guinéenne est coiffée par Dansa Kourouma. Assimilant la Plateforme des citoyens unis pour le développement (PCUD) à une tendance proche de l’opposition guinéenne, les autorités ont toujours présenté le CNOSCG comme le chouchou dont il ne faut pas perturber le sommeil. En retour, Dansa Kourouma surtout a rendu la pareille en se gardant de dénoncer les tares de la gouvernance tant politique qu’économique de la gouvernance Alpha Condé.
Très souvent reçu à Sekhoutouréya et présenté via les canaux officiels comme le responsable de l’unique instance représentative de la société civile guinéenne, Dansa Kourouma, invoquant une certaine expertise, s’est toujours servi des tribunes à lui offertes pour subtilement défendre le gouvernement. On se souvient encore de sa position plus qu’ambiguë à propos des accords politiques du 20 août. S’abritant derrière la très simpliste « faute collective », il s’était refusé de critiquer les lenteurs artificiellement créées par le gouvernement pour empêcher les corrections requises par les experts internationaux. Et quand, quelques jours avant la date du 11 octobre, tout le monde s’est rendu compte qu’il était impossible de réussir l’organisation des élections dans le délai qui restait, le président du CNOSCG n’avait pas osé joindre sa voix aux forces politiques de l’opposition pour réclamer le report nécessaire à une bonne organisation. En fait, du CNOSCG, seule Fatou Baldé, la vice-présidente se sera élevée à la hauteur de dire ce qu’elle pense de la gestion du pouvoir par le président Alpha Condé.
Mais c’est à croire que par la force des choses, la situation est sur le point de changer. En effet, au lendemain de la suspension de la grève générale par les centrales syndicales et le sentiment d’échec du mouvement syndical, Dansa Kourouma est opportunément sorti de son silence pour dénoncer l’incapacité des syndicalistes à aller au bout de la logique. Disant avoir partagé les revendications des syndicalistes, il soutient la logique d’exiger des comptes à l’Etat. Car lui-même soupçonne désormais les autorités de mauvaise gestion et de prévarication de la chose publique. En voilà qui est nouveau et qui tend à indiquer qu’au sein du couple, Satan a trouvé sa place.
Anna Diakité, www.kababachir.com