Le procès sur le massacre du 28 septembre 2009, qui est entré dans sa 50ème journée, se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, avec la comparution des victimes.
La première victime de viol a comparu aujourd’hui à huit clos après plusieurs tractations entre la partie civile, le parquet et les avocats de la défense.
Après plusieurs discussions, le Président du tribunal, a évoqué une disposition de la loi qui dit que c’est à la victime de demander le huis clos. « Il faudrait que la victime comparaisse pour dire qu’elle veut le huis clos. Si elle demande le huis clos, le tribunal sera dans l’obligation d’ordonner le huis clos. C’est très clair », tranche Ibrahima Sory 2 Tounkara.
C’est ce qui fut fait dans une salle aménagée à cet effet dans l’enceinte du bâtiment qui abrite le procès de ces douloureux événements.
Au sortir de cette audience à huit clos, les avocats de la défense et de la partie civile ont réagi différemment.
Me Pépé Koulémou, l’un des avocats de Dadis s’est exprimé en ces termes: « Nous lui avons demandé d’apporter la preuve de ses déclarations, les raisons de sa plainte. Mais, en réalité moi, je ne suis pas convaincu. Cette dame a donné sa version des faits. Nous sommes encore en train de lui poser des questions. Moi, personnellement, j’en ai terminé avec elle. Et, je pense que les autres font continuer le lundi à poser leurs questions. Et, ça va certainement informer le peuple. Moi, je ne dis pas qu’elle a été victime. Parce que voilà une dame qui dit qu’elle a représenté toutes les victimes des événements du 28 septembre 2009 à la Haye. On lui a posé la question de savoir est-ce qu’étant représentante des autres victimes pas seulement des victimes de viols est-ce qu’elle a un mandat?. Elle a dit qu’elle n’a pas de documents dans ce sens. On lui a aussi posé la question de savoir durant tout ce parcours là. Qui de la Haye et d’ailleurs est-ce qu’elle sait qu’elle n’est pas témoin mais effectivement une partie civile à ce procès. Elle a dit oui. Nous lui avons demandé d’apporter la preuve de ses déclarations, les raisons de sa plainte. Mais en réalité, moi je ne suis pas convaincu », a-t-il laissé entendre.
De son côté Maitre Halimatou Camara, avocate de la partie civile s’est réjouie de constater qu’une victime a eu le droit de parler :
« Notre pays vient de loin. Le plus important à cette étape, c’est qu’il y ait aujourd’hui la parole de la victime. Ça, c’est extrêmement important. C’est une étape cruciale dans notre pays. Que sa parole soit convaincante ou pas convaincante, il est aujourd’hui clair qu’une victime a eu le droit de parler. Et, je pense que c’est historique », s’est-elle réjouie.
L’audience a été renvoyée au lundi 20 février prochain pour la suite des débats.
Ibrahima Sory Camara, www.kababachir.com