Le silence qui, de la part des autorités guinéennes, entoure le retour de Moussa Dadis Camara, illustre le caractère périlleux du sujet. Le gouvernement guinéen est mal à l’aise avec le dossier Moussa Dadis Camara. Il est certain qu’Alpha Condé et son entourage ne veulent pas du tout du retour de l’ancien président de la Transition en Guinée. Mais il leur est cependant difficile d’assumer publiquement cette position. Car cela reviendrait à se mettre à dos l’important électorat que constituent les fans de l’ancien putschiste. D’où l’option du profil bas que l’on peut constater actuellement.
Mais cette stratégie destinée à gagner tout à la fois le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la fermière n’est pas facile à mettre en œuvre. Dans le camp de Dadis, on finira par réaliser que les autorités guinéennes ne sont pas étrangères aux difficultés qui sont crées à propos du retour de l’ex-patron du CNDD. D’ailleurs, cela a d’ores et déjà commencé avec la manifestation depuis hier, dans la ville de N’Zérékoré, des femmes réclamant ce retour.
C’est dire donc que même confiné à Ouaga, Moussa Dadis Camara pourra toujours faire mal au régime en place. Naturellement, l’impact ne sera pas identique à celui qu’il aurait pu avoir s’il était quelque part à Conakry ou en région forestière.
Dans une région forestière traversée par de nombreux clivages, une intelligente gestion du dossier relève du bon sens. Autrement, l’enjeu pourrait aller au-delà des élections du 11 octobre prochain.
Anna Diakité, kababachir.com
