Il peu vu et peu bavard. Et pourtant il est la deuxième personnalité de l’Etat, selon la Constitution. Claude Kory Kondiano, le président de l’Assemblée nationale est loin de créer l’unanimité autour de lui. Même parmi sa maisonnée. Le député Honomou Kourouma, de l’UGDD juge le parlement auquel il appartient, en qualité de non-aligné.
Selon ce député, « l’Assemblée nationale a vraiment échoué à sa mission qui reste entre autres de contrôler l’action du gouvernement. Le président du parlement fait peu à cet effet. C’est pourquoi, aujourd’hui, notre Assemblée nationale est pire qu’une caisse de résonnance. Même les projets soumis jusque-là passent comme lettre à la poste. » Honomou Kourouma rappelle au passage la raison d’être des députés, élus du peuple : « Les députés ne sont plus les représentants d’un quelconque parti politique mais des représentants du peuple. » Chaque pensionnaire de l’hémicycle doit le savoir, sinon, « inutile de rester dans un Parlement qui ne fait rien. » Pour illustrer la léthargie de notre Assemblée nationale, le député non-aligné rappelle le cas du Sénégal. Selon lui, un cas d’Ebola a été détecté, la ministre a été tout de suite convoquée devant les députés pour comprendre davantage. En Guinée, on est près de mille cas et le ministre court toujours.
Au niveau de la commission santé, selon Youssouf Ben Keita, de l’UFDG, « Notre commission dès le mois de février a tenté de rencontrer le ministre de la santé. Une commission très étoffée des députés de la mouvance et de l’opposition avait pris un rendez-vous pour le rencontrer. Normalement nous devrions le convoquer mais nous nous sommes déplacés sans le trouver. (…) La collaboration est donc biaisée. Il vous souviendra sur certaines ondes, j’ai même demandé la démission du ministre de la santé. C’était pour cette raison. Jusqu’à présent le ministère de la santé n’a pas cru devoir de nous rencontrer. » Cet affront pousse encore à ce député à demander le départ du ministre de la Santé. « Il faut qu’il parte parce qu’aujourd’hui c’est lui qui porte la lourde responsabilité de l’échec dans la lutte contre Ebola. Bien sûr il n’avait pas été aidé par le premier magistrat [Alpha Condé, NDLR]. Aujourd’hui, le virus continue à tuer les Guinéens. » Pour Ben Keita, le ministre de la santé a été incapable de prendre depuis l’apparition du virus des mesures pour contenir l’épidémie. Explications : « S’il avait mis par exemple les zones touchées en quarantaine, le virus n’allait pas toucher les autres préfectures. Il fallait mettre en quarantaine la zone où elle a apparu à Gueckedou puis à Macenta. C’est l’unique épidémie qui a fait tant de ravage dans la corporation médicale. » Apparemment trop timide pour exiger un ministre de répondre…
Jeanne FOFANA, Kabanews