Dr. Ousmane Kaba, de plus en plus opposant ?

Peut-être que dans les rangs du parti au pouvoir, la fissure n’est pas qu’au niveau de la fronde actuelle contre le leadership. Même au sommet, des lignes commencent à bouger et des autonomies à se manifester. Et le symbole de cette réalité naissante, c’est bien Dr. Ousmane Kaba, député de la mouvance présidentielle qui, bien que demeurant solidement ancré dans son camp, ne se prive pas cependant de points de vue relevant d’une audace nouvelle de sa part.

Cette nouvelle tendance a commencé à se manifester de sa part avec la controverse autour de la plateforme Djoliba, pour l’orientation des étudiants. Mais elle a éclaté au grand jour à la faveur du bras de fer autour des arriérés que l’Etat doit aux universités privées. Conflits d’intérêts oblige, le fondateur de l’Université Kofi Annan n’a pas ménagé l’Etat aujourd’hui incarné son propre camp politique. Ainsi, au cours d’une conférence de presse des fondateurs d’universités privées du 10 février, il avait publiquement remis en cause les acquis du pouvoir en matière d’électricité. Il avait notamment rappelé qu’à l’intérieur du pays, 60 % des foyers n’ont pas le courant électrique.

Si cette sortie pouvait donc être dictée par la nécessité pour le président de la Chambre représentative des établissements d’enseignement supérieur privé (CRESUP), il y a qu’il est récemment, de manière plus large exprimé sur la question des choix stratégiques de l’électricité, dans un contexte autre que le bras de fer avec ces universités. Expliquant la fronde actuelle au sein du RPG comme la manifestation du chômage que connait le pays, il critique et dénonce l’approche qui a toujours été utilisée pour faire face au fléau du sous-emploi. Estimant que les stratégies fondées sur l’Etat et le secteur minier devront être révisées, il se désole que l’Etat, contrairement à ce que les députés auraient préconisé, priorise la réalisation d’infrastructures hydroélectriques à dimension sous-régionale, au détriment de micro-barrages ayant plus d’impact sur la création des entreprises, et in fine sur le chômage.

Sur le même registre de la fronde au sein du RPG, il n’est pas loin de partager les idées des frondeurs au sujet des récompenses aujourd’hui accordées aux anciens bourreaux du parti. Enfin, alors que son camp politique a été le seul à voter le budget 2016, le président de la Commission économie, Finances et Plan, déplore que le secteur éducatif ne bénéficie que de 12 % de ce budget. Tandis que, selon lui, au Sénégal, ce même budget s’élève à 40 %.

Avec autant de divergences, il est désormais légitime de se demander si Dr. Ousmane Kaba n’est pas sur la voie de se rallier au camp des opposants. L’autre question étant de savoir cette nouvelle disposition est indépendante justement de la fronde en cours au RPG ?

Anna Diakité, www.kababachir.com

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.