Les banques sont squattées par des fonctionnaires pour l’essentiel n’ayant toujours pas pu envoyer leurs enfants à l’école faute de fournitures scolaires. Habitués à toucher leur salaire entre le 25 et le 27 de chaque moi, les fonctionnaires ne parviennent toujours pas à avoir leur salaire de janvier. Et aucune explication n’est disponible au niveau des banques : ‘’M. on ne sait vraiment pas pourquoi les salaires ne sont toujours pas virés’’.
Voici la phrase choc qui revient partout dans les institutions bancaires de la place. On commence déjà à prendre de petits crédits ici et là pour rejoindre les domiciles. Dans toutes les discussions, le sujet des salaires revient sans cesse. C’est le grand embarras. Au niveau des Finances, rien ne filtre. Sauf que des informations concordantes font état de détournement. A la fin novembre en effet, les fonctionnaires se sont retrouvés avec 200 GNF sur leur salaire. Ce montant représentait un rappel sur les primes de carburant. Ce rappel devrait continuer pour décembre. Mais ils étaient nombreux ceux qui ont vu leur bulletin de paie sans cette modique somme. Il aurait pris des chemins occultes entre les Finances et la Fonction publique. On le sait, la Guinée a environ 70 mille fonctionnaires dont 30 mille contractuels (ces chiffres pourraient être revus à la hausse).
C’est donc une grosse histoire de milliards GNF dont il est question. Selon nos informations, des cadres ont été interpellés à cet effet. C’est ce qui retarderait en partie les salaires. En attendant de démêler l’écheveau, la misère s’aggrave dans les foyers. Et la
devanture des banques ne désemplissent point. On se tourne les pouces à longueur des journées, alors que les enfants et madame attendent la popote à la maison. M. Aly est contractuel, il n’a pas pu donner son cours d’Histoire il y a deux jours. Il sort de la maison très tôt sans y laisser la dépense. Il doit quelques morceaux de sandwich à une vendeuse de son école. Toute honte bue, il disparait. « J’avoue que j’ai honte de fixer cette pauvre femme qui ne vit que cette vente », lance le fonctionnaire moisi.
A ce jour, le président Alpha Condé est sous les lambris d’Addis-Abeba. Absent du pays depuis environ deux semaines, le chef de l’Etat laisse derrière lui la misère impitoyable. Qui a dit changement ? Allons donc.
Jeanne Fofana, www.kababachir.com
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