C’est certainement l’une des stratégies du pouvoir pour les élections en vue : la libération du général Nouhou Thiam, l’autre prisonnier personnel d’Alpha Condé. Le président guinéen tente de ménager le chou et la chèvre. Attendue depuis plus de quatre ans, malgré les agissements de Gassama et toute la chaîne de défense des droits de l’homme, la mise en place de la justice militaire est en phase d’être bâtie. Notamment avec la nomination lundi soir, d’officiers et des sous-officiers. Il y a peu le général Ibrahima Baldé, haut commandant de la gendarmerie nationale a annoncé au cours d’une émission télévisée, dédiée au soldat, la mise en place très prochaine de la justice militaire. Selon lui, la formation des magistrats militaires est complètement close au niveau des juridictions civiles du pays. Il ne reste plus que le décret. C’est dire que des avancées sont notées.
Cette annonce intervenait au moment même où le général Nouhou Thiam croupit toujours en prison. Sans jugement. Pour sa part, l’honorable Ousmane Gaoual Diallo a exprimé ses regrets de voir tous ces disfonctionnements de l’Etat. « On se rend bien compte que la justice ne fonctionne pas. Aujourd’hui, quand on regarde les gens comme général Nouhou Thiam et d’autres, s’ils étaient jugés et condamnés, leurs peines maximales ne dépasseraient pas trois mois. Cela fait plus de trois ans qu’ils sont en prison. Ça veut dire qu’ils sont en train de subir plus de dix fois la peine à laquelle ils auraient été condamnés s’ils étaient jugés. Donc, c’est une anomalie judiciaire. On le sait pertinemment que ce sont des prisonniers personnels d’Alpha Condé qui a décidé d’arrêter des gens appartenant à une communauté, et les mettre en prison. »
Si les autres officiers ont été tués, jugés, condamnés ou relaxés, Nouhou Thiam, lui, est toujours confiné dans les pestilentielles geôles de Conakry, cela après environ trois ans. Certains de ses compagnons d’infortune sont malades et leur vie est manifestement en danger. Ils sont promenés entre structures sanitaires. Le temps de les abîmer et les faire taire à jamais. Qu’est-ce qui retarde alors la mise en place de cette justice militaire ? Seule Alpha Condé pourra répondre à cette question, car c’est lui qui joue à l’usure. Il revient donc aujourd’hui à la Commission chargée de la défense et de sécurité au sein du nouveau parlement de se lever et taper du poing sur la table.
Déjà, le député Ousmane Gaoual Diallo appartenant à cette commission parlementaire est allé rencontrer Fatou Badiar, Nouhou Thiam et les autres dans une salle aménagée à cet effet. Selon l’honorable Gaoual qui qualifie ce beau monde de « prisonniers politiques », la remarque générale qui s’est dégagée de cette visite – les cellules n’ont pas été visitées – est qu’ « ils avaient le moral, mais ont perdu du poids. Certains étaient absents à cause d’une santé fragile. » Aujourd’hui, avec la nomination faite lundi, on peut estimer que le dénouement pourrait intervenir dans les mois et semaines à venir.
En attendant, voici la liste des promus :
1. Colonel Antoine Dramou Matricule 2441 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
2. Lieutenant-colonel Kaba Kourouma Matricule 24484 G haut-commissariat de la gendarmerie nationale
3. Lieutenant-colonel Mohamed Deen Keita 13466 G EMAG
4. Lieutenant-colonel Sidki Touré 1831030 G EMAG
5. Lieutenant-colonel Ibrahima Camara 17928 G EMAG
6. Lieutenant-colonel Ali Camara 18257 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
7. Lieutenant-colonel Aboubacar Touré 18065 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
8. Lieutenant-colonel Blaise Gomou matricule 19214 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
9. Lieutenant-colonel Alpha Amadou Kaloko matricule 21347 G EMAG
10. Commandant Pierre Marie De lacour matricule 1710287 EMAG
11. Commandant Pépé Guilavogui matricule 17979 G EMAG
12. Commandant Mamadouba Ibrahima Camara matricule 13844 G EMAG
13. Commandant Cheick Tidiane Camara matricule 18527 EMAG
14. Commandant Mamadouba Sylla1 matricule 8043 G EMAG
15. Capitaine Pépé Lamah matricule 18595 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
16. Capitaine Sékou Damaro Camara matricule 18058 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
17. Capitaine Almamy Sylla matricule 18023 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
18. Capitaine Hady Mansaré matricule 18497 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
19. Capitaine Fodé Cissoko matricule 17667 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
20. Capitaine Issiaga Camara matricule 21644 G EMAG
21. Lieutenant Saa Mohamed Léno matricule 25291 G EMAG
22. Lieutenant Alsény Keita matricule 39780 G EMAG
23. Lieutenant Mamadou Diouldé Baldé matricule 27338 G EMAG
24. Adjudant Abdoulaye Chérif matricule 29681 G Haut-commissariat de la gendarmerie nationale.
Jeanne Fofana