‘’Grenade’’ à l’UFDG: mais où était donc Bah Oury ?

Tout le monde sait que Bah Oury n’était pas celui sur qui toutes les compromissions pouvaient marcher, au moment où il était vice-président de l’UFDG, au moment où il appelait les commerçants de sa région « de fermer boutiques et magasins pour affamer les autres ». Et vient Boubacar Diallo, alias ‘’Grenade’’. Où était donc Bah Oury lorsque ce gamin de 1994, orphelin de mère et victime d’un père absent, introuvable mais idéalisé, commettait des razzias ?

Bah Oury était bel et bien encore vice-président de l’UFDG. Lui qui, aujourd’hui, voue aux gémonies ce fiston abandonné que tout le monde appréciait à cause de son ardeur certes précoce mais qui renvoyait en lui un grand rassembleur, un grand leader. C’est cette réputation d’hier que Bah Oury roule aujourd’hui dans la boue en faisant croire aux uns et aux autres que c’est juste l’accusé parfait dans tous les crimes et délits commis sous Alpha Condé et au cours des manifestations politiques. Où était vraiment Bah Oury lorsque Grenade se faisait apprécier par tous ?

Pourtant, témoigne le gamin, alors petit tablier, « Depuis 2012, j’ai rejoint ce parti UFDG parce que, El Hadj Cellou est l’espoir de cette jeunesse qui chôme aujourd’hui en Guinée, qui est complètement désespérée. Je me suis inscris volontairement dans la section motard parce que je crois en ce parti. » Bah Oury pourrait se trouver une excuse certainement pour parler de son exil, parce que suspecté par le chef de l’État guinéen d’avoir voulu l’assassiner. Seulement, le 24 décembre 2015, 171 prisonniers dont Bah Oury avaient été graciés. Grenade était encore là. Ce même Bah Oury sera exclu en février 2016. La cause ? Violation répétitive du règlement intérieur, pour ne pas dire insubordination.

Selon les textes du parti,  « Tout membre de l’UFDG a l’obligation de : participer activement à la vie du parti, de s’exprimer exclusivement au sein des structures à l’occasion des réunions et instances du Parti, de respecter scrupuleusement la discipline du Parti. » Et mieux, « Les membres de l’UFDG sont tenus de défendre, en tout lieu et en toute circonstance, le Parti et son programme. (…) tout responsable, tout militant de l’UFDG à quelque échelon que ce soit, a le devoir de respecter et de faire respecter scrupuleusement les mots d’ordre, les directives et les décisions du Parti. » Bah Oury sera donc exclu après de nombreux avertissements, car son comportement « est jugé contraire à la morale et aux règles du Parti. »

Depuis, il prend ceux qui émergent de l’UFDG comme étant des inféodés à Dalein et donc, ils sont à combattre. Il sera tout de même réintégré le 03 mars 2017. Mais, restera à l’antichambre. Aujourd’hui, il sacrifie son ancien collègue du parti : Grenade.  « Je me réjouis que la lumière commence à faire jour dans des affaires assez obscures qui ont endeuillé beaucoup de familles guinéennes, beaucoup de familles qui logent le long de l’Axe. Et comme vous l’avez rappelé, M. Boubacar Diallo dit Grenade a été cité comme témoin dans l’affaire de la tentative d’assassinat sur ma personne et de l’assassinat de Mohamed Koula, votre journaliste. On saura une grande part de vérité dans cette affaire et dans d’autres affaires qui ne tarderont pas à scandaliser l’opinion nationale et internationale. »

De son côté, dans une interview accordée à un média en ligne, Grenade revient sur ce qui s’est passé – la balle reçue- ce jeudi, 19 mai 2016, après l’inhumation de Mamadou Saidou Bah au cimetière de Bambéto, sur les hauteurs de l’ancien siège du RPG. Là, il y a eu échauffourée entre lui et les gendarmes postés. Selon Balla Samoura, le gamin détenait une arme de guerre. Faux, réplique-t-il : « Je ne détenais aucune arme sur moi. C’est quand on m’a tiré dessus que les jeunes ont jeté des cailloux pour ne pas qu’on me mette la main dessus. Si je détenais une telle arme tel qu’ils le disent, j’aurais blessé au moins quelques-uns parmi eux, même si moi je tombais mes amis s’en seraient servis pour riposter. Je n’ai jamais fait du banditisme, si j’étais un bandit, les gens qui me confient leurs affaires n’allaient pas le faire. S’ils le font, c’est parce qu’ils ont confiance en moi. Allez-y à Wanindara et renseignez-vous, demandez qui je suis, ils vous diront si je suis un bandit ou pas. Tous les militants de l’UFDG que vous voyez lors des manifestations ont des occupations même s’ils sont jeunes, ils ont toujours quelque chose à faire, nous ne sommes pas des délinquants. »

Le procureur de Dixinn a-t-il cette autre pièce à conviction ? Pas si sûr sinon il aura fait relaxer le petit, purement et simplement. Au nom d’une Justice neutre, faite pour tout le monde. Hélas, le complot et le mensonge d’Etat sont trop gros. La compromission de Bah Oury, à la fois ubuesque et anthologique.

Jeanne Fofana, www.kababachir.com

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