Depuis six ans qu’il est pouvoir, le président Alpha Condé et son gouvernement ne se sont jamais retrouvés dans une position aussi inconfortable que celle qui est aujourd’hui la leur. Rattrapés par une gestion dispendieuse des fonds publics, ils en sont désormais à rançonner les populations pour renflouer les caisses qu’ils ont vidées à coup d’investissements à visée électoralistes. Sauf qu’au niveau de ces populations, la pilule a du mal à passer.
Se retrouvant donc entre le marteau et l’enclume, les autorités font donc dans l’imagination. Ainsi, pressentant la crise qui résulterait de l’augmentation vertigineuse des prix de la farine et des huiles alimentaires, désormais soumises à la TVA, elle-même, revue à 20 %, le gouvernement vient de nouer un accord avec une certaine catégorie d’opérateurs. Sauf que ledit accord est quelque peu mystérieux.
Selon ce que les deux parties ont annoncé, en dépit de l’application de la TVA sur ces deux produits, ils ne devraient pas connaître une hausse de prix. Et c’est à ce niveau que l’on ne saisit rien. Comment réussit-on à maintenir des prix d’un produit pour lequel les taxes ont augmenté ? Surtout qu’explicitement, aucune autre concession de l’Etat n’a non plus été annoncée. Les opérateurs économiques auraient-ils accepté, comme des philanthropes, de prendre en charge les taxes ? Rien n’est clair en réalité. Il semble que l’Etat et les commerçants vont équitablement se répartir les charges supplémentaires qu’on aurait dû répercuter sur les prix, au bout de la chaine. Mais on s’est abstenu de donner le moindre détail. Une opacité qui n’a rien de rassurant quant à la pérennité du deal.
Par ailleurs, le gouvernement, fidèle à une certain stratégie, semble avoir opté pour la division des opérateurs économiques. Ainsi, c’est avec une seule catégorie (des Libanais) que le protocole d’accord a été conclu. La frange restante, plus ou moins assimilée à des ennemis du gouvernement, a été sommée de s’aligner sur cette entente à la conclusion de la quelle elle n’a pas été associée. Un autre motif d’échec en perspective.
Peut-être bien que c’est parce qu’il a vu cela venir que le chef de l’Etat lui-même convoque cet après-midi l’ensemble des opérateurs à une réunion dite de concertation au palais Sekhoutouréyah.
Anna Diakité, www.kababachir.com