Keyza NUBRET, la diaspora en marche !

En qualité d’afro-descendante, j’ai eu la chance d’avoir une maman qui, très tôt, s’est préoccupée de m’enseigner notre histoire.

Je m’appelle Keyza Nubret, je suis née et j’ai grandi en Guadeloupe, puis en République dominicaine où j’ai débuté mon parcours étudiant, pour ensuite rejoindre l’université de Miami puis finalement Montpellier, en France hexagonale. J’ai ensuite officié dans les affaires familiales, plus précisément dans les salles de sport de mon père; mon oncle, quant à lui, était champion de culturisme, acteur, comédien, c’était l’artiste de la famille. 

J’ai eu plusieurs vies; j’ai tout d’abord travaillé dans l’agriculture -transformation et, depuis plus de 20 ans, je dirige une agence de communication où je gère des relations presse, des relations publiques, de la coordination d’événements et beaucoup de mise en relation. Parallèlement à cela, je suis collaboratrice parlementaire à l’Assemblée Nationale pour deux députés: Olivier Servat, député de la première circonscription de Guadeloupe ainsi que Jiovanny William, député de la première circonscription de Martinique.

Keyza, qu’est ce qu’être une femme aujourd’hui ?

D’après moi, être une femme dans le monde de l’entreprise, c’est innover, être active et pro-active. 

C’est s’occuper de sa famille également?

Oui également car, lorsque l’activité professionnelle cesse, en particulier dans mon secteur d’activité qu’est l’événementiel, il est indispensable de se ressourcer auprès de sa famille. 

Quel est votre ressenti en qualité d’afro-descendante ?

En qualité d’afro-descendante, j’ai eu la chance d’avoir une maman qui, très tôt, s’est préoccupée de m’enseigner notre histoire. Elle m’a emmenée à l’île de Gorée, au Sénégal, à l’âge de 16 ans; en fait, j’ai toujours ressenti comme une force, le fait de connaître mon histoire. 

Lorsque je me présente en tant que Guadeloupéenne, on me dit souvent « mais non, tu es Africaine » et je réponds que l’Afrique étant un continent, c’est un peu vague. Ma famille vient d’un pays d’Afrique mais je peux aussi bien être originaire du Sénégal que du Bénin , du Congo ou de Guinée Bissau.  

Ma famille a donc été déportée d’un pays du continent Africain pour être emmenée en Guadeloupe et, ensuite, l’histoire douloureuse qui est celle du commerce triangulaire a fait de moi une Guadeloupéenne avec tout ce que cela comporte de positif ou de négatif mais toujours est-il que, nous nous sommes réinventés puis construits à travers cette histoire de déportation. 

Cela a fait de nous des gens combatifs mais également un peu empreints de «schizophrénie», de ne pas savoir exactement qui nous sommes et d’où nous venons, de sentiments très contradictoires, notre histoire étant faite d’amour et de beaucoup de douleur…  

Il faut rappeler qu’à l’origine, la Guadeloupe appartenait aux Indiens de la Caraïbe, puis arrivèrent les Européens, les Africains, les Indiens, les Syriens, les Libanais, les blancs etc. La Guadeloupe est archipélagique et n’est pas qu’une histoire de couleur de peau; elle s’est construite sur des mélanges, du bonheur, du malheur et nous nous sommes réinventés à partir de tout cela. Au final, une grande force en a émergé et je suis très heureuse, quant à moi, d’être qui je suis. 

Quelles sont les relations entre les Guadeloupéens et les Africains ?

C’est une question un peu généraliste car je ne peux pas parler au nom de tous les Guadeloupéens et de tous les Africains. La majorité des Guadeloupéens afro-descendants ( car tous ne le sont pas, certains Guadeloupéens étant indiens-descendants ou blancs-descendants) ont des relations plutôt amicales, voire familiales, avec certains pays d’Afrique. En ce qui me concerne, ce serait plutôt le Sénégal que je connais un peu, j’ai été ensuite mariée avec un Béninois puis j’ai côtoyé des ivoiriens dans le milieu étudiant parisien. Lorsqu’on arrive à Paris, on est tout d’abord une Antillaise, j’aime bien dire cela, puis vous devenez ultramarine, des outremers, et pour finir vous devenez noire, en fonction de qui vous regarde. J’ai donc pris énormément de plaisir à faire partie d’associations, qu’elles soient ultramarines ou africaines, liées à la diaspora, car je pense qu’il y a beaucoup de points communs entre ces différentes cultures, tout particulièrement entre l’art culinaire et l’art musical. 

Quel serait, aujourd’hui, votre projet pour l’humanité ? 

Pour l’humanité, vous me demandez beaucoup…; trêve de plaisanterie, pour moi il est important de garder à l’esprit qu’on a le droit d’être différents et en même temps d’avoir des similitudes, qu’on a le droit d’avoir envie de partager certains aspects de nos cultures respectives. 

By Uche EJIMS                                     

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