La nomination de Ramatouye Bah à la CENI replongera-t-elle la Guinée dans une nouvelle crise politique ?
L’accord politique signé, le 20 août dernier, entre la mouvance présidentielle et l’opposition est-il menacé d’explosion ? Depuis l’annonce par le RPG Arc-en-ciel qu’il s’oppose à la nomination de l’ancienne ministre de l’industrie Hadja Ramatouye Bah au poste de commissaire à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’incertitude plane quant au respect de la Conclusion du dialogue politique inter guinéen. Et les déclarations faites par micros interposées par les deux camps ne rassurent guère.
Dans une interview accordée à plusieurs médias nationaux, ce lundi à Conakry, Aboubacar Sylla le porte-parole de l’opposition a indiqué que le parti au pouvoir n’a pas droit de s’ingérer dans le choix des personnes devant représenter son camp à la CENI. Selon lui, l’accord du 20 août prévoit que c’est l’opposition qui doit désigner ses commissaires. Et de préciser : «Il n’est dit nulle part que la mouvance présidentielle a un pouvoir de réquisition ou un avis de non-objection autour des propositions faites par l’opposition». À l’en croire, c’est un règlement de compte entre certaines personnalités du pays et Mme Bah – qui a pourtant été membre de gouvernement sous l’actuel locataire de Sékoutoureyah, avant de tomber en disgrâce.
En outre, Monsieur Sylla n’exclut pas que cette sortie du RPG Arc-en-ciel soit une provocation visant à les emmener à se retirer du processus électoral. «La mouvance présidentielle veut tout faire pour que l’opposition se retire de l’accord du 20 août, et se retire conséquemment du processus électoral, pour boycotter les élections et laisser le président de la République [candidat à sa propre succession à l’élection présidentielle du 11 octobre prochain, NDLR] choisir lui-même ses opposants qui doivent briguer avec lui» la présidence de la République, a-t-il soutenu.
Du côté de la majorité présidentielle, c’est la personnalité de Ramatouye Bah qui est mise en cause. Selon Amadou Damaro Camara, le président du groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel à l’Assemblée nationale qui s’est également exprimé à la presse sur le sujet, Mme Bah est une personne très marquée par l’état d’âme personnel. Il l’accuse d’avoir des positions hostiles au parti au pouvoir. «C’est une femme qui a des positions très tranchées, des positions presque viscérales, c’est pourquoi le RPG s’est dit, écoutez, bien que c’est votre choix, mais une autre personne plus neutre ou moins affichée avec de tel état d’âme, serait mieux.», a indiqué M. Damaro.
D’après lui, c’est purement et simplement pour cette raison que le RPG a exprimé son «opposition» par rapport au choix porté sur Ramatoulaye. «Un commissaire est supposé avoir un minimum d’équilibre, un minimum d’équité entre les différents partis. Mais quand un arbitre est connu à l’avance comme étant farouchement opposé à un camp, l’autre camp a toutes ses raisons pour dire attention, cet arbitre ne me plait pas.», a-t-il tenté de convaincre.
Comme on vient de le voir, la question de la recomposition de la CENI risque de replonger la Guinée dans une nouvelle crise politique, à moins de cinq semaines du premier tour de l’élection présidentielle.
Thierno Diallo, Kababachir.com