Certes rares sont les chefs d’États non Africains qui s’étaient bousculés devant les portes du Palais Sekhoutouréyah durant le premier mandat du président Alpha Condé, mais début mars 2016, la Guinée accueillera un hôte de taille. En effet, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, sera à Conakry la semaine prochaine pour une visite officielle.
Le chef de l’État Turc a entamé ce dimanche une tournée de cinq jours dans quatre pays ouest-africains. «Un voyage placé sur le signe de l’économie et des investissements, que la Turquie voudrait bien voir se multiplier sur le continent africain», précise RFI. Avant d’être en Guinée, M. Erdogan se rendra d’abord en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Nigeria.
À la tête de ce pays — servant de limite entre les continents européen et asiatique — depuis plus de dix ans (tout-puissant Premier ministre avant d’être élu président de la République à la faveur d’une modification constitutionnelle entreprise par lui-même), cet islamo-conservateur a changé considérablement le visage de la Turquie et étendu son influence hors de sa zone géographique d’origine : en Afrique, notamment.
En une quinzaine d’années, une vingtaine d’ambassades a été ouverte sur le continent. Et la Turquie ne compte pas s’arrêter là. Sa compagnie aérienne, Turkish Airlines a ouvert plusieurs lignes à destination de capitales africaines. Des ONG turques, majoritairement islamiques opèrent dans plusieurs pays africains où elles (ont) construit ou construisent des centres culturels, des mosquées et des écoles.
Cette tournée ouest-africaine de Recep Tayyip Erdogan intervient dans un contexte géopolitique tendu pour son pays, qui est en désaccord avec ses voisins sur certains sujets brûlants de l’actualité notamment sur la question syrienne. Depuis le soulèvement populaire contre Bachar Al-Assad, en mars 2011, le président Turc prône le renversement du régime de Damas. Selon Amnesty International, près de 2,3 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont fui la Syrie pour se mettre à l’abri en Turquie.
C’est au sujet de la Syrie justement qu’une crise diplomatique est née entre la Turquie et la Russie après qu’un avion chasseur-bombardier Sukhoï Su-24 a été abattu par deux F-16 turcs le 24 novembre 2016. Touché, l’appareil s’est écrasé dans la partie syrienne de la frontière. L’un des deux pilotes est mort. Un acte que le Russe Vladimir Poutine jure de faire regretter au dirigeant Turc.
C’est pour surmonter ces différents problèmes et étendre son influence que la Turquie se tourne vers de nouveaux partenaires : l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. Aux yeux des Turcs, le continent africain offre d’énormes potentialités économiques. En 2015, les échanges commerciaux entre les deux s’élevaient à plus de vingt-cinq milliards de dollars.
De plus en plus d’hommes d’affaires africains, notamment guinéens, se rendent en Turquie pour s’approvisionner en marchandise. En retour, des entreprises turques opèrent sur le continent noir. Durant sa tournée, le président Erdogan sera accompagné d’une délégation de 150 hommes d’affaires. De quoi espérer la signature de nouvelles conventions d’accord entre la Guinée Turquie.
Thierno Diallo, Kababachir.com