Ce débat porte sur l’organisation et l’optimisation des chances de l’opposition dite républicaine en vue de l’élection présidentielle prévue cette année(2015). Il faut préciser que la cartographie de la scène politique offre aujourd’hui, l’avantage de distinguer les différentes forces politiques en jeu. Ainsi, la stratégie à adopter semble être importante face à la majorité présidentielle qui jouit d’un avantage qui est celui de porter un bilan à la fin de son mandat. Donc l’idée, d’un candidat unique au compte de l’opposition qui devra être soutenu par les autres partis politiques de l’opposition se pose. Rien, n’est fait pour la matérialiser. Et pourtant, si cela venait à se réaliser, cela changera considérablement l’image politique de la Guinée.
Aujourd’hui, la classe politique opposante se veut de jouer sur la carte de cette unité, pour faire le poids sur la scène politique à l’occasion des consultations populaires. Cela est pourtant réalisable aux vues des résultats engrangés lors de la dernière élection législative. Les élections Locales (Communale et Communautaire), offrent une opportunité de tester une entente politique, si possible de la corriger et de la consolider pour les futures élections nationales.
Pour y arriver l’opposition républicaine guinéenne a le choix entre deux modèles d’ententes politiques, les exemples du Sénégal ou de la Cote d’Ivoire qui ont déjà produit de bons résultats face à des présidents de la république sortants qui jouissaient d’une forte représentativité, du coup assurant une alternance démocratique. Ou autrement, expérimenter un modèle qui en prend en compte la particularité sociologique, politique du contexte de la Guinée en prise au communautarisme.
Cependant, cette idée semble ne pas prospérer chez tous les partis politiques composant l’opposition. L’Union des Forces Républicaines (UFR) à lui seul se fait porteuse de ce mouvement. Un rappel historique est pourtant nécessaire pour comprendre la capacité de l’opposition à s’exprimer d’une seule voie.
En effet, si cela venait à se faire (unité de l’opposition), cela ne serait pas un phénomène nouveau sur la scène politique guinéenne, mais l’aboutissement dans la finalité de la compétition électorale fera la différence. Plusieurs expériences d’unité de l’opposition ont vues le jour depuis l’avènement du multipartisme intégral en Guinée, de 1990 à nos jours.
La première expérience d’unité de l’opposition s’est manifestée par le FLUG en 1993 qui était composé de l’UNR de Ba Mamadou, le PGP de Porthos et le RPG d’Alpha Condé. Ensuite, en 1995, il y a eu « douze formations d’opposition, dont les trois principales, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé, le Parti pour le renouveau et le progrès (PRP) de Siradiou Diallo et l’Union pour la nouvelle République (UNR) de Ba Mamadou, se sont regroupées le 14 août 1995 au sein d’une Coordination de l’Opposition Démocratique (Codem). Forte de 38 députés (sur 114 sièges), cette coalition a demandé, en vain, l’ouverture d’un dialogue avec le pouvoir. ». S’en suivra, par la suite le Mouvement contre le référendum et pour l’alternance démocratique (MORAD), qui regroupait en son sein l’UFR et le RPG. La dernière en date a été la création du Front Républicain pour l’Alternance Démocratique (FRAD) le 25 mai 2002, dans le seul objectif de boycotter les élections législatives de la même année. Cette alliance comprenait six (6) formations politiques et une haute personnalité qui sont : Elhadj Boubacar Biro Diallo Président de l’Assemblée Nationale, l’UFR, l’UFD, le PDA, DJAMA, le RPG et l’UFDG.
Les traits caractéristiques de ces ententes politiques sont entre autres : appeler au départ de Lansana Conté, à l’époque Président de la République ; veiller au respect du calendrier électoral ; amener à une meilleure organisation et crédibilité du processus électoral ; contribuer et protéger les libertés et droits fondamentaux du citoyen ; exiger plus de transparence et de participation à la vie publique et politique du pays.
Pourtant ces ententes politiques ont eues leurs faiblesses, qui portaient sur la personnalité des leaders politiques, de leurs maturités politiques, des ambitions contradictoires affichées de part et d’autre par les formations politiques dans la conquête du pouvoir, de l’incapacité d’asseoir une unité d’ensemble dans le temps et sur la stratégie à mener.
Autant de raisons qui ont eues raisons des ententes et conduits à leurs éclatements.
Aujourd’hui, le contexte est différent, l’enjeu est déterminant et offre une opportunité de mieux se faire comprendre par le peuple dans la conquête du pouvoir. Quelques années après, on observe et retrouve les mêmes revendications de la part de la classe politique actuelle opposée au pouvoir en place. Si le défi politique et électoraliste reste le même, le paysage politique quant à lui a fortement subit une mutation. De nouvelles personnalités sont porteuses d’idées et de courants politiques différents.
Comment arriver à construire cette entente politique qui mène à une candidature unique de l’opposition à l’élection du président de la république de 2015 ?
Voilà, la pertinente question qui se pose à l’opposition.Surtout quand on sait que les grandes formations qui composent l’actuelle opposition politique et celle qui était constituée et battue au second tour de l’élection présidentielle de 2010, un facteur non moins négligeable à prendre en compte.
D’un autre côté, le parti au pouvoir dans sa gouvernance actuelle et dans les contradictions politiques a perdu des alliés qui avaient confortés sa stratégie au second tour de l’élection de 2010. Ces derniers se retrouvent dans la classe politique qui forme l’opposition. Vont – ils bénéficier de l’attention particulière due à leur rang pour prétendre jouer la carte de leur candidature comme représentant de l’opposition lors d’une acceptation de l’idée de candidature unique ? Ou seront – ils des acteurs passifs et des soutiens inconditionnels à la dynamique d’une candidature unique ?
Au sommet de cette opposition politique dans sa configuration actuelle, on retrouve untriumvirat,d’ancienspremiers ministres dotés de forte personnalité, qui connaissent parfaitement les affaires et l’appareil de gouvernance de l’Etat.
Ce qui semble être aujourd’hui l’unité apparente de l’opposition, c’est-à-dire l’opposition à la méthode de gouvernance (gestion) de l’actuel pouvoir, ne peut être une garantie de la construction d’une entente politique qui mène vers la présentation d’un candidat unique en 2015.
La véritable contradiction réside dans le leadership des chefs politiques des différentes formations politiques à s’accorder sur la personnalité du candidat et la forme de la structure qui soutiendra le candidat. Une fois convenu sur la personnalité, il consistera à éduquer et préparer les militants à accepter la personne et à voter massivement pour ce dernier. Rien ne garantit pour autant que le mot d’ordre soit suivi à la lettre vu la configuration communautariste de l’élection en Guinée. Un autre handicap qui s’ajoute à la réalisation de la candidature unique.
Enfin, l’idée de la construction d’une entente politique en vue d’un accord sur une candidature unique de l’opposition exige une véritable réflexion de la part de l’opposition.
Cette réflexion passe par des concertations, des rencontres et discussions politiques sur l’enjeu réel, l’opportunité politique et sociologique de la candidature unique qui doit aboutir à la présentation d’un document qui tient compte des forces et des faiblesses de l’entente. Dans l’état actuel des hésitations et discussions sur l’idée d’une candidature unique, le temps, les réalités politiques et le calendrier électoral s’il est respecté ne joue pas en faveur de l’opposition dans la mise en œuvre, l’information et le suivi réel d’une telle opportunité.
Cependant, si la réflexion est posée, des concertations et discussions faites pour aboutir à la rédaction d’une entente politique, cela offre un double avantage. Le premier avantage est de clarifier et dissiper une situation ambiguë entretenue dans les relations et alliances politiques au sein de l’opposition républicaine. Mais aussi, éventuellement entretenir pour l’avenir des relations institutionnelles qui peuvent en cas de non réalisation de la candidature unique au premier tour offrir l’opportunité d’une alliance politique certaine au second tour de l’élection présidentielle, quel que soit la formation politique de l’opposition arrivée à ce stade.
Il faut prendre en compte que le Président de la République sortant, jouera certainement la carte de sa réélection avec le RPG Arc-en-ciel et de ce point de vue la formation politique est différente de celle qui avait participée et gagnée l’élection présidentielle de 2010.
Dans un autre article à paraitre très prochainement, on va s’intéresser à la Dynamique connue par le RPG vers le RPG Arc-en-Ciel, pour comprendre son évolution depuis le début du multipartisme intégral en Guinée, sa consécration dans la conquête du pouvoir, et enfin sa capacité de résistance électorale à se maintenir, à gagner l’élection présidentielle de 2015.
Souleymane Touré
Bordeaux – France
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