MORT DE MOHAMED DIALLO : Quelle responsabilité pour l’Etat ?

L’émotion le cédant à la colère, il ressort de tous les essais d’explication du meurtre de notre confrère, que seule l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) à travers les factions qui la composent, est responsable de la mort d’El hadj Mohamed Diallo. Naturellement, la part de responsabilité du parti ne fait l’objet d’aucun doute. Cependant, est-il le seul qui a manqué à son devoir. Certainement pas.

Il y a en particulier un acteur majeur dont la responsabilité est tout aussi importante. Il s’agit bien de l’Etat. Ce grand organisme qui régit tout le pays a le devoir et même l’obligation de protéger les citoyens et de maintenir l’ordre et la sécurité. Ce devoir et cette obligation sont en rapport avec tous les citoyens, indépendamment de leur orientation politique.

Il se trouve que dans le cas de la crise qui a couté la vie à notre confrère, l’Etat, soit par négligence, soit par complicité tacite, a failli à ces missions. En effet, les représentants de l’Etat à tous les niveaux, avait bien conscience qu’en venant au siège de l’UFDG, alors qu’il venait d’en être exclu, Bah Oury provoquerait la bagarre. Mais personne n’a pris le soin de lui rappeler qu’il n’a pas à se défendre lui-même. Personne (au niveau de l’Etat) n’a pris le soin de lui souffler que la voie judiciaire est la meilleure option en pareille circonstance. Il a formulé des menaces et a défié, avant d’aller. Mais on lui a tout de même permis d’y aller.

Ensuite, les services de sécurité, pourtant très prompts à discourir sur le bien-fondé et l’efficacité des approches préventives, n’ont pas essayé de s’interposer entre les deux camps, en vue d’empêcher qu’ils en viennent aux mains. Bien que timidement déployées dans les parages, elles sont restées à une distance raisonnable et se sont contentées d’observer la scène. En jouant ainsi aux spectateurs, elles donnent l’impression qu’elles souscrivaient tacitement à l’affrontement entre les deux camps. A quelles fins ? Personne ne le sait encore.

Par contre, la responsabilité de l’Etat dans ce qui est arrivée, est pleine et entière.

Anna Diakité, www.kababachir.com

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