Mouvement syndical : plus rien à espérer de cette coquille vide !

Le mouvement syndical guinéen n’existe plus en Guinée. Des engagements ici, des menaces là pour faire parler d’eux. Et puis, c’est fini. Aujourd’hui, on s’agite jusqu’à ce qu’on soit à des postes, on ne parle plus et on s’en fout de la protection des travailleurs, raison d’être de ces syndicalistes révélés opportunistes, chasseurs de postes.

« Nous voulons des engagements concrets, c’est-à-dire qui se traduisent par des impacts immédiats sur le quotidien des travailleurs». Amadou Diallo, le patron de la CNTG sait de quoi il parle, après de longs mois d’attentes imposés par le gouvernement. En réalité,  à l’issue d’une rencontre récente à la bourse du travail avec le ministre du travail, Damantang Albert Camara, également porte-parole du gouvernement et les syndicalistes, pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. C’est ainsi que le préavis est déposé pour une grève projeté pour à partir du 13 mai.

Selon les syndicalistes, plus besoin de dormir sous des accords que le gouvernement ne respecte jamais. Autant faire du bruit pour se faire entendre. A dire donc qu’on va aller en grève, alors que nous avons encore dans nos mémoires et dans nos chaires ces marches gorgées de sang de l’opposition, ce ne serait nullement une bonne option. Or, le ministre Damantang, n’aura pas pu trouver le bon bout pour dissuader les syndicalistes. Le social prendrait ainsi un sérieux coup : Ebola, Méningite, crise d’eau et d’électricité, assassinats et infanticides à la pelle, précarité, crise politique liée au non respect des accords du 3 juillet, etc.

De longues semaines après cette boutade, rien ! Amadou et ses affidés se sont tu comme des carpes. Et pourtant, comme l’a récemment souligné un vieux syndicaliste, compagnon de feu Ibrahima Fofana de l’USTG, « le mouvement social a été un moteur dans la prise de conscience des citoyens guinéens face à la précarité et à l’injustice. Ce mouvement a joué un rôle d’avant-garde, mais force est de constater aujourd’hui que cette entente cordiale et humanitaire entre tous les fils et filles de Guinée s’en est allée comme une peau de chagrin, par la déchirure du tissu social, la haine, le communautarisme et la promotion de la médiocrité, en lieu et place de la compétence et de l’honnêteté. » Aujourd’hui, on en convient, l’affairisme et la course aux postes de responsabilité ont cédé le pas à la conviction et à la défense des intérêts des travailleurs.

Combien de travailleurs sont aujourd’hui jetés dans la rue, à Fria, Léro, à la Sotelgui, etc. parfois sans aucune autre forme de procès ? Ce n’est ni une liquidation judiciaire, ni un licenciement, ni un chômage technique. On fait la sourde oreille. Tant au niveau du syndicat qu’au sein du gouvernement. Chaque suit ses affaire. Comme si les travailleurs des autres secteurs ne sont pas affiliés à des centrales, à travers le collège syndical qu’ils ont mis en place dans leurs différentes structures. « Le mouvement social qui avait fait tant d’émules est en train de sombrer dans une léthargie sans nom. Ceci est pire qu’une trêve sociale, car une trêve est une entente, dans le respect des règles et conventions, permettant en cas de difficultés dans une entreprise ou un pays, de surseoir à toutes revendications jusqu’à ce que la situation s’améliore », regrette un ancien du mouvement. Une vérité qui crève les yeux, non ?

De son côté, « La société civile guinéenne s’est politisée, fragmentée et dépourvue de tout noyau de réflexion. » C’est l’amère lecture que fait aujourd’hui le représentant sortant de l’Union européenne en Guinée Philip Van damne.  Dansa Kourouma patron de cette société civile est inaudible, même si, dans l’euphorie de son élection, il avait déclaré : « Nous allons redorer l’image de la société civile, notre implication dans l’espace politique doit diminuer. Il y aura beaucoup de démarcation. Nous allons nous recentrer sur nos valeurs. J’ai accepté de venir à la société civile parce que la Guinée a besoin d’une société civile solide pour renforcer sa démocratie », avait lancé le nouveau patron de CNOSCG. Depuis, plus rien.  Le mouvement social qu’on assimile aux syndicats est aujourd’hui malade de ses dirigeants. Il s’est troqué en terreau fertile de chasseurs de postes dans la plus haute sphère administrative du pays. A la CNTG, à l’USTG, au CNOSC, etc. partout, des opportunistes ont fini par caporaliser les structures. On se positionne. On écarte les uns, approche les autres, ceux surtout en qui on a une certaine confiance ou ceux qu’on pourra manipuler à sa guise. Un panier de crabes en somme ! On ne peut plus compter sur eux.

Jeanne FOFANA, Kabanews

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