On ne sait pas si Macky Sall fera le voyage sur Conakry, à cause de ses inimitiés avec Alpha Condé, suite à la propagation du virus Ebola voulu par Conakry. Mais, c’est dans la capitale guinéenne que doit se tenir dans les jours à venir, le 17è sommet de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) que pilote depuis près de trois ans, Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée sous Dadis Camara. Beaucoup de sujets seront discutés.
Certainement, la mise sur orbite de Koukoutamba. En effet, c’est sur le Bafing que devaient être aménagés Diaoya avec une puissance de 149 mégawatts (332 millions USD), de Bouréya avec 161 MW, pour un coût estimé à 373 millions USD. Mais aussi et surtout le barrage de Koukoutamba pour une puissance de 281 MW dont le coût de réalisation est estimé à 440 millions USD, selon des données officielles disponibles à la direction nationale de l’Energie. Les études très avancées. C’est ce que témoigne d’ailleurs le commissaire de l’OMVS, Kabinet Komara, récemment invité par une radio locale. Selon lui, toutes les études ont été faites et les trois pays membres de son organisation doivent se retrouver à cet effet pour discuter du chemin à suivre afin de mettre enfin, cet autre barrage sur orbite.
Forte de ses trois fleuves (Sénégal, Gambie et Niger) et de ses nombreux autres fleuves, la Guinée détient un potentiel énergétique de 6000 MW, mais seul 2% de ce potentiel est exploité. Kabinet Komara, y voit ce qu’il appelle « des pesanteurs de la colonisation ». Le Haut commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), Kabiné Komara, en déclinant dans la presse sénégalaise sa feuille de route pour son mandat à la tête de l’organisation intergouvernementale qui regroupe le Sénégal, le Mali, la Mauritanie et la Guinée estime que la France en est pour beaucoup dans la crise d’eau et d’électricité que la Guinée traverse depuis des lustres.
Extrait : « Je parle en Guinéen. Ce pays est indépendant en 1958, dans des conditions extrêmement pénibles. La Guinée a ouvert la brèche des indépendances à cette époque en 1958, mais elle en a aussi payé le prix. J’étais directeur de Péchiney, l’enclave minière qui appartenait à la France pendant 10 ans à cette période. C’est cette société qui donnait un peu de revenus à la Guinée. La construction du complexe avait commencé en 1956, la France était surprise lors que la Guinée à demandé son indépendance en 1958. Il était prévu de faire le barrage hydroélectrique et l’usine d’aluminium. Quand la Guinée a pris son indépendance, la France a imposé à la société de ne construire ni le barrage ni l’usine d’aluminium. Le barrage a été construit au Cameroun. Il y avait un potentiel électrique de 15.000 MW que la Guinée n’a pas pu mettre en valeur. Je pense que l’histoire aussi n’a pas favorisé la Guinée. Il n’y a pas que le courant qui manque en Guinée, il manque aussi l’eau. Et pourtant, il pleut quatre mètres d’eau par an à Conakry, alors qu’il n’y a pas d’eau potable dans cette ville. » Un sommet donc à Conakry, ce serait vraiment une occasion rêvée pour discuter de tout ce qui empêche les trois pays à jouir de leur potentiel hydroélectrique.
Jeanne FOFANA, www.kababachir.com