PORT AUTONOME : De la crise sociale à la controverse syndicale

S’achemine-t-on vers un nouveau bras de fer au sein du mouvement syndical guinéen ? Des signes inclinent à répondre à cette question par l’affirmative. Et aussi paradoxal que cela peut l’être, la pomme de discorde pourrait venir de la gestion de la crise autour du monopole dénoncé de Bolloré Africa Logistics au port autonome de Conakry. Dans la gestion de cette crise, les centrales syndicales tirent, chacune le drap de son côté. A tort ou à raison, le chef de l’Etat, une nouvelle fois, se retrouve au cœur de la discorde syndicale.

En effet, on se rappelle que dans un premier bras de fer entre Amadou Diallo et Yamoussa Touré, le président Alpha Condé avait été accusé de manipuler les syndicalistes pour ensuite profiter de la zizanie et de la fragilisation qui en résulteraient. Depuis, le second, constatant son échec, a créé sa propre centrale syndicale à travers la COSATREG (Confédération Syndicale Autonome des Travailleurs et Retraités de Guinée). Mais décidément, on n’en pas encore terminé avec les bisbilles au sein du mouvement syndical guinéen.

Cette fois cependant, le problème viendrait de la légitimité que différentes centrales revendiqueraient au sujet de la crise autour du terminal du port autonome. Il y a deux jours, la concurrence déloyale de Bolloré était dénoncée par l’ONSLG, la COSATREG et la CIFOG. C’était à travers une conférence de presse conjointement animée à la Maison des journalistes de Coléah. Les principaux animateurs de cette conférence disaient alors agir au nom des travailleurs de sociétés de manutention se disant victimes du monopole qu’on s’apprêtait à accorder à Bolloré.

Mais il se trouve qu’hier mercredi, ce sont les responsables de la CNTG et de l’USTG que le chef de l’Etat a reçus pour débattre de la crise. Et c’est en raison de l’intervention de ces derniers que le président Alpha Condé a également décidé du report de la date butoir qui était fixée aux sociétés plaignantes, pour vider le port. Par ailleurs, sur instruction du président Alpha Condé, une commission a été mise en place pour discuter de la façon de résoudre le problème. Commission au sein de laquelle ce sont les responsables de la CNTG et de l’USTG qui représentent le mouvement syndical.

Pour le moment, le premier groupe de syndicalistes ne crie au parti pris de la part du président. On cible davantage le camp à Amadou Diallo qu’on soupçonne d’opportunisme et de récupération. Mais des sources indiquent que le chef de l’Etat est bien celui qui a fait le choix de ceux qu’il devait recevoir. Ce qui laisse croire qu’il a, en toute conscience, décidé de n’avoir qu’un groupe d’interlocuteurs bien ciblés au sein du mouvement syndical.

Anna Diakité, www.kababachir.com

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