Au lendemain de la signature de l’accord politique inter-guinéen, du constat général qui se dégage des avis des uns et des autres, émerge une sorte de justification de la part des leaders politiques de l’opposition. Dans l’ensemble, ils essaient de convaincre l’opinion publique que le consensus qui a ainsi fait l’objet d’accord est une garantie suffisante pour des élections libres, transparentes et crédibles. Mais on a l’impression qu’ils en doutent un peu. Et quelque chose laisse croire que cette ambigüité de leur part vient de l’accueil plutôt réservé que les médias ont réservé à cet accord. Globalement, la presse guinéenne trouve que le document signé hier consacre la victoire du régime en place. Ce qui n’est pas nécessairement pas le cas.
Naturellement, on ne peut pas dénier à Alpha Sila Bah son point de vue. En effet, il est de ceux qui pensent qu’en acceptant d’apposer sa signature au bas de l’accord politique d’hier, l’opposition se rend coupable d’une certaine trahison de la part de ses militants. Il est vrai que l’opposition n’obtient pas l’inversion du calendrier électoral qui était pourtant sa principale revendication. Pourtant, a-t-on raison de conclure que les adversaires au régime en place en tout céder ? Ont-ils renoncé à toutes leurs revendications ? Certainement non.
Eu égard au rapport de force en place, obtenir du pouvoir que l’on recompose les conseils communaux de 128 communes, ce n’est pas rien. Surtout que ce n’est pas nécessairement une voie prévue et autorisée par les lois et la constitution. Sous d’autres cieux, le pouvoir aurait pu s’abriter derrière l’argument selon lequel on ne peut recomposer un conseil communal que par le biais d’une élection communale. Et pour les deux autres points que sont la CENI et le fichier, sans être idéales, les solutions préconisées sont celles que pouvait obtenir l’opposition.
Si elle devait refuser cette dernière offre, il ne resterait plus à l’opposition que de boycotter le scrutin du 11 octobre prochain. Ou poursuivre la dynamique des manifestations publiques dont on sait qu’elles sont toujours porteuses violences, de perte en vies humaines et de dégâts fort considérables. Il y avait donc à faire un choix entre le fait de porter la responsabilité de nouvelles pertes en vies humaines et l’acceptation de ces solutions à minima. Et le choix est d’autant plus aisé que ceux qui reprochent aujourd’hui aux adversaires du président Alpha Condé leur naïveté sont les mêmes, s’érigeant en pacifistes de circonstance, sont prompts à accuser les opposants de vouloir marcher sur des cadavres pour accéder au pouvoir.
Enfin de compte, en Guinée, les politiciens ne sont pas les seuls qui doivent faire en sorte de savoir ce qu’ils veulent.
Anna Diakité, www.kababachir.com