PRESIDENTIELLES 2015 : Pourquoi la Guinée opte-t-elle pour l’autofinancement ?

Les débats sont relancés au sujet de l’organisation des élections présidentielles de 2015. Depuis l’audition de Bakary Fofana, le président de la CENI par la Commission Economie et Finances de l’Assemblée nationale, les rumeurs de report du scrutin pour cause d’Ebola sont relativement écartées. Pour autant, toutes les inquiétudes ne sont pas écartées. Ainsi, Dr. Fodé Oussou Fofana s’est élevé contre le fait que seule la Commission présidée par Dr. Ousmane Kaba ait entendu le président de la CENI. Mais la grande préoccupation au sujet de cette élection, c’est le fait que la Guinée ait choisi de prendre en charge l’intégralité du financement du processus électoral.

Ce choix suscite deux types d’inquiétudes. D’abord, beaucoup s’interrogent sur la capacité du pays à prendre en charge ce processus dont on sait qu’il est peut se révéler coûteux. La question préoccupe d’autant plus les observateurs qu’ils estiment que la période actuelle marquée par l’épidémie à virus Ebola n’est pas particulièrement pour la Guinée. En conséquence, ce sont les conditions d’organisation de l’élection qui se trouvent posées. Toute la logistique sera-t-elle réunie ? se demandent certains.

Le second niveau d’inquiétude est en rapport avec la transparence et la régularité de l’élection. En effet, on sait que c’est au lendemain des dernières élections législatives que le chef de l’Etat avait menacé de ne plus associer la communauté internationale à l’organisation des élections. Naturellement, l’argument qu’il met en avant, c’est la souveraineté de la Guinée. Mais en réalité, le président Alpha Condé avait très mal vécu l’immixtion des observateurs de l’UE dans la gestion de ces élections. Une immixtion qui avait en partie contribué à faire perdre les cinq communes de la capitale guinéenne à la mouvance présidentielle. Par ailleurs, ces mêmes observateurs avaient émis des réserves au sujet de résultats de plusieurs circonscriptions électorales. Ils avaient également formulé des remarques et des observations dont s’était servie l’opposition pour rédiger des réclamations au niveau de la Cour Suprême.

Tout porte à croire que c’est pour ne pas revivre une telle humiliation que le gouvernement a choisi de ne plus associer la communauté internationale. Car si cette dernière finance le processus, elle aura de facto un droit de regard sur ce dernier. Or, c’est justement ce que ne veut pas le président Alpha Condé pour lequel les élections de l’année sont cruciales.

Anna Diakité, www.kababachir.com

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