Rencontre Condé-Dalein : et si le consensus était introuvable ?

A quelques heures de la rencontre entre le président Alpha Condé et le chef de file de son opposition, prévue ce mercredi au palais de Sékoutoureyah, on doit se demander si une solution pourra être (enfin) trouvée pour débloquer la crise politique que la Guinée traverse depuis la diffusion du calendrier électoral par la CENI. D’autant que la menace de l’échec des discussions entre les deux finalistes de la dernière élection présidentielle plane partout, non  pas (forcément) de la confrontation ‘parti au pouvoir contre opposition’. Mais plutôt des divergences qui minent l’opposition elles-mêmes.

On sait que la contradiction est le fondement même de la démocratie.  Mais de là à s’affronter par micros interposés, certains membres de l’opposition républicaine sont en train de marcher sur un terrain glissant qui, en cas de chute, offrirait à Alpha Condé un boulevard grandement ouvert pour sa réélection, sans trop de peines. Depuis que le Chef de l’État a exprimé son souhait de rencontrer son ancien challenger, pour parler de la situation sociopolitique de la Guinée, les différentes sorties médiatiques des responsables de certains partis politiques opposés au régime en place indiquent clairement que l’atmosphère qui y règne en leur sein n’est pas aussi détendue qu’ils tentent de faire croire à l’opinion publique.

Le malaise a surgi dès l’annonce par Cellou Dalein Diallo de son refus de rencontrer Alpha Condé le 8 mai, consécutif aux violences enregistrées la veille dans plusieurs quartiers de la commune de Ratoma, considérés comme son fief. Baïdy Aribot, le député de Kaloum sous la bannière de l’UFR (troisième formation politique et alliée de l’UFDG aux dernières législatives), a critiqué cette décision du chef de l’opposition.

La semaine suivante, c’est au tour de Mohamed Tall, député et porte-parole du même parti, de déclarer que Cellou ne va pas parler au nom de toute l’opposition. Et de préciser qu’il va parler au nom de l’UFDG. A l’Union des forces démocratiques de Guinée, des responsables ont réagi à cette déclaration, notamment son chargé de communication, Souley Tchia’nguel qui a rappelé que le courrier est adressé au chef de file de l’opposition à titre personnel. Autrement dit, pas à toute l’opposition. Mais cette précision n’a pas calmé les tensions…

Jusqu’à présent ni Cellou ni Sidya ne s’est encore exprimé publiquement sur les déclarations de leurs collaborateurs. Souley Tchia’nguel, lui, a assuré que son patron associe le leader de l’Union des forces républicaines dans ses démarches concernant l’opposition.

Au Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), Lansana Kouyaté dit n’avoir pas été informé en première instance de l’invitation du locataire de Sékoutoureyah. Ici aussi, on avertit que la décision que Cellou prendra à la suite de son tête-à-tête avec le président Condé n’engagera que son parti. Il pense toutefois que si la rencontre doit déboucher sur quelque chose de positif, cela peut être intéressant pour l’opposition.

Partant de ce constat, on pourrait dire qu’il serait très difficile que l’entretien entre les deux hommes politiques, demain matin, puisse déboucher sur un consensus, surtout dans le camp de l’opposition où la guerre de chefs semble avoir pris le dessus. Et si l’opposition se déchire, le régime Condé ne fera que se frotter les mains vu que nous sommes à la veille de l’élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 11 octobre. Alors, quant à ceux qui rêvent d’alternance en 2015, ils devront encore s’armer de patience…

Thierno Diallo, www.kababachir.com

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