Report des élections locales : vers le retour du bras de fer entre pouvoir et opposition ?

En annonçant qu’elle n’est pas en mesure d’organiser les élections locales et communales avant le mois d’octobre de cette année, en porte-à-faux avec les dispositions de l’Accord politique du 20 août 2015 qui avait permis d’aller à l’élection présidentielle du 11 octobre dernier, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a sans doute fait (re)naître une nouvelle crise politique entre pouvoir et opposition. Si le parti au pouvoir, le RPG/Arc-en-ciel, et ses alliés approuvent la décision prise par l’institution de Bakary Fofana, les adversaires du président Alpha Condé réunis au sein de l’opposition républicaine, y voient une décision de la discorde. Et l’accalmie qui règne depuis la tenue du dernier scrutin présidentiel, bien que plusieurs candidats ayant affronté le président sortant n’aient pas reconnu les résultats publiés par la CENI et validés par la Cour conditionnelle, risque de voler en éclats.

L’opposition guinéenne affaiblie, mais pas vaincue

Malgré le départ de certaines formations politiques avec lesquelles il a mené le «combat pour l’instauration d’une vraie démocratie en Guinée», lors du premier quinquennat du président Condé (de 2010 à 2015), au profit du camp présidentiel, l’opposition guinéenne ne s’avoue cependant pas vaincue. Et elle entend bien le prouver dans les semaines ou mois à venir. Les leaders de cette opposition, au sortir d’une plénière tenue ce jeudi à Conakry, a exigé la recomposition de la commission électorale, la baisse du prix du carburant et le respect des accords (conclusions du dialogue conduit par le ministre de la Justice et garde des Sceaux Me Cheick Sacko) signés sous l’égide de la Communauté internationale.

Elle prévient que si ces exigences ne sont pas prises en compte par le gouvernement, des manifestations seront organisées sur les places et voies publiques jusqu’à la satisfaction de ces revendications. Une démarche qui ne paraît pas facile car le gouvernement, qui a toujours réussi à déjouer les pièges tendus par ses adversaires, se sentant aujourd’hui en position de force — suite au ralliement d’opposants comme Sidya Touré, Mamadou Bah Baadicko, Ibrahima Abbé Sylla…, la crise qui déchire le principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) entre factions favorables à Cellou Dalein Diallo le leader du parti ou à son ancien vice-président Bah Oury, exclu par le Bureau exécutif national et l’échec de  l’inter-centrale syndicale à obtenir la diminution du prix du carburant à 5 500 francs guinéens — il y a peu de chances qu’il accepte de satisfaire les revendications d’une opposition à l’agonie.

Thierno Diallo, Kababachir.com

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