REVOLUTION AU BURKINA FASO : Réactions divergentes en Guinée

Par rapport au soulèvement populaire qui a conduit au départ du président Blaise Compaoré, les réactions en Guinée sont soit prudentes, soit mitigées. Bien entendu, personne n’est indifférent à ce qui se joue actuellement au Burkina Faso. Dans les rangs de l’opposition, on s’efforce de faire de la récupération. Mais on se ravise très vite, en se rendant compte que les contextes sont tout de même différents. Justement, dans les rangs des partisans du régime, on met un point d’honneur à préciser cette différence du contexte.

La prudence et le malaise avec lequel l’opposition guinéenne s’exprime au sujet de la crise au Burkina Faso résultent du fait que, dans leur majorité, les leaders politiques de cette opposition ne préconisent pas encore la solution par le soulèvement. Beaucoup d’entre eux rêvent de venir à bout du régime, mais ils caressent le rêve d’arriver à cette fin par le biais d’une élection régulière. Du coup, intérieurement, ils réalisent qu’il est vain d’essayer de récupérer les événements à Ouagadougou. Du coup, ils se bornent à constater que la volonté populaire, quand elle est affirmée avec fermeté et détermination, finit par déboulonner le chef le plus enraciné qui soit. Un tel constat est une sorte de mise en garde, dans l’éventualité d’un futur bras de fer, dans le cadre notamment de la gestion des prochaines échéances électorales. On veut ainsi dire qu’il ne faudrait que le régime, se prévalant de la légalité qui est la sienne, s’offre le luxe de trop tirer en longueur. Autrement, la dé-légitimité pourrait annuler la légalité. Du coup, si l’opposition guinéenne se sert tant soit peu des événements qui ont cours au Burkina, c’est dans le cadre d’une approche à la fois préventive et dissuasive.

Dans le camp du pouvoir par contre, comme un naufragé à sa bouée, on s’accroche au caractère différentiel des deux contextes. On met surtout en avant la différence dans la longévité au pouvoir. Blaise Compaoré est tout de chassé au bout de 27 longues années de règne. Après, bien entendu, au moins deux modifications constitutionnelles. Alors qu’en ce qui concerne le président Alpha Condé, il n’en est qu’à la quatrième de son premier mandat. Or, il lui est légalement permis de faire deux mandats. Le parallèle entre les événements actuels au Burkina Faso et la Guinée ne pourrait être pertinent que, quand à la fin de son second mandat, le chef de l’Etat voudrait modifier la constitution. Ce qui n’est pas encore le cas. L’autre trait distinctif que les proches du président Alpha Condé mettent avant, c’est le fait que Blaise Compaoré était un soldat alors que le locataire de Sékhtouréyah a une cinquantaine de militantisme politique derrière lui.

Anna Diakité, www.Kababachir.com   

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