C’est avec beaucoup de fierté et le sentiment légitime du retour progressif de la Guinée dans l’arène internationale que les autorités avaient consenti au déploiement du bataillon Gangan au compte de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). Il est vrai que par une telle participation, le pays, longtemps paria de la communauté internationale, pouvait espérer une certaine embellie diplomatique. Malheureusement, comme cela arrive très souvent, la noble ambition est en train de se transformer en un véritable cauchemar. Car avec la dizaine de morts parmi les soldats guinéens, les proches des casques bleus commencent à s’interroger et même à contester l’envoi des leurs dans cette ‘’mission-suicide’’
Preuve de ce retournement de situation, un groupe pas particulièrement étoffé de proches des dernières victimes guinéennes, a marché hier dans les environs du camp Samory Touré, par ailleurs siège du ministère de la défense nationale. Leur nombre ne doit cependant pas préoccuper. Cet aspect est secondaire. Ce qui importe, c’est la démarche, elle-même. Le fait qu’ils aient pris sur eux le courage de manifester et de dire ainsi ouvertement leur désapprobation, c’est cela la nouveauté. Autrement, au sein de l’armée, on sait bien que le rapport hiérarchique se résume à 0rdre et exécution.
Bien que connaissant parfaitement cette règle non écrite, les familles ont néanmoins voulu dire qu’elles voudraient que les leurs soient rapatriés et que d’autres n’y soient plus envoyés. Surtout que via tous les canaux d’informations à leur disposition, elles apprennent que mêmes ciblés explicitement par les terroristes, les soldats de l’ONU n’ont pas le droit d’attaquer. Ils ne peuvent pas anticiper le risque et ainsi l’éviter. Ils ne peuvent que se défendre. Un mandat qui fait d’eux des cibles idéales face à des terroristes qui ne reculent devant rien quand il s’agit de verser du sang.
Anna Diakité, www.kababachir.com