Avant son départ pour le Sénégal, le président Alpha Condé avait été déjà traité d’incohérent par Reporters Sans Frontières, à propos de ses sorties orageuses contre l’ONG de défense et de promotion de la liberté de la presse, mais aussi contre les médias guinéens. Eh bien, cette critique n’aura pas particulièrement servi. Parce qu’en se rendant au XVème sommet de l’OIF, mais en boudant Macky Sall, le président Alpha ne fait pas montre de cohérence. C’est le moins qu’on puisse dire.
Prononçant son discours lors de la cérémonie d’ouverture officielle du sommet, le président Alpha Condé n’a aucunement fait allusion au président Macky Sall qui accueillait la rencontre. Et à la fin de son discours, alors que le numéro un sénégalais, s’apprêtait à lui serrer la main et discuter un peu avec lui, le président guinéen s’en est tenu à une poignée de main aussi brève que rustre. Il a ensuite réservée une chaleureuse accolade au secrétaire général sortant de la Francophonie, Abdou Diouf. La scène, dans son ensemble, n’ayant pas échappé aux confrères qui avaient été dépêchés pour couvrir le sommet, le président Alpha Condé a été interpellé en conférence de presse. Pour toutes réponses, il estime que c’est au peuple sénégalais et à Abdou Diouf qu’il doit reconnaissance et gratitude. Argumentaire, admettons-le, quelque peu incohérent, lui-même. Car on ne peut dissocier un peuple de son chef.
Mais au-delà, ce n’est pas isolément l’attitude d’Alpha Condé qui pose problème. Le peu de solidarité dont a fait montre le président sénégalais à l’égard de la Guinée, pendant cette période à virus Ebola justifie toutes les colères d’Alpha Condé. Il aurait même, comme il l’a dit, pu ne pas se rendre à Dakar, il aurait trouvé des Guinéens qui le soutiennent dans cette décision. Par contre, qu’il soit parti, mais qu’il n’ait pas pris sur lui la responsabilité et la hauteur de vue pour mettre fin à cette guéguerre n’a aucun sens. Pire, se trouvant sur le sol du Sénégal, il a continué à traiter Macky Sall comme un ennemi. Ce n’est ni élégant, ni valorisant. En réalité, il a fait comme les enfants, jadis quand ils décidaient de se bouder pour un certain temps. C’est d’autant plus regrettable que la Guinée n’a pas à subir une telle humiliation. S’il savait qu’il n’est pas prêt à passer l’éponge sur le contentieux entre lui et Macky Sall, il ne se serait pas gêné de dire à François Hollande qu’il ne se rend pas à Dakar. Cela aurait été plus compréhensible.
Anna Diakité, www.kababachir.com