Sûreté de l’Etat : Benny Steinmetz a-t-il ses tentacules à Conakry ?

La Guinée est-elle exposée à un coup d’Etat, suite à des frictions entre l’Etat guinéen et le franco israélien et milliardaire Benny Steinmetz ? On pense que oui. En effet, des sources concordantes font aujourd’hui état d’une arrestation de deux ressortissants libériens, agents d’une société de téléphonie mobile. Il serait reprochés à ces expatries « de remonter des informations à la compagnie du milliardaire israélien Benny Steinmetz, engagé dans un bras de fer avec l’Etat guinéen depuis que celui-ci lui a retiré deux blocs miniers qu’elle a acquis au temps du régime de feu Général Lansana Conté. Mais dans des conditions dénoncées par les nouvelles autorités guinéennes comme douteuses. » Des sources concordantes difficilement vérifiables rapportent que les deux Libériens auraient des films et des photos du cortège présidentiel, ainsi que d’autres indices indiquant des manœuvres subversives. Ces attirails serviraient, sans nul doute à attaquer le régime de Conakry et de chasser Alpha Condé du pouvoir et du coup, le milliardaire serait rétabli dans ses droits.

Une longue histoire…

Les langues se délient de plus en plus depuis qu’une partie du Simandou est au cœur d’une vive polémique entre le gouvernement guinéen et le Franco-israélien Beny Steinmetz qui s’est vu retiré au début du mois ses concessions sur un gigantesque gisement de fer. «Alpha Condé veut voler nos avoirs et les distribuer à ses amis» accusait Beny Steinmetz il y a quelques mois. Son partenaire sur ce projet, le géant brésilien Vale, qui n’a pas été mis en cause, a également perdu sa concession. Mais ceci est une histoire.

Ce qui alimente en revanche les débats, c’est bien de savoir si les deux hommes – Alpha Condé et Beny Steinmetz – se connaissaient afin que chaque Guinéen ou simple observateur parvienne à mesurer l’ampleur des inimitiés ou plutôt des rapports orageux. Pour ne pas dire la témérité de l’un d’entre eux. En effet, en moins d’un an de gestion, c’est-à-dire de son investiture, en 2010, Alpha Condé « a invité Steinmetz à Conakry, pour assainir l’air. Steinmetz arriva au palais, et ils se sont assis dans le bureau de Condé, s’exprimant en français (Steinmetz est à l’aise.) « Pourquoi êtes-vous contre nous? » Demanda Steinmetz. «Qu’avons-nous fait de mal? » Et Condé de répondre : « Je n’ai pas de problème personnel avec vous» Avant d’ajouter : « Mais je dois défendre les intérêts de la Guinée». Cette rencontre, certainement parmi tant d’autres entre les deux hommes ne fait pour autant pas dire à Condé qu’il a connu son partenaire, aujourd’hui débouté. Lors de son récent séjour genevois, Alpha Condé est formel vis-à-vis de Beny Steinmetz. « J’avoue que je ne le connaissais pas. C’est lorsque je suis arrivé au pouvoir que j’ai commencé à revoir les contrats de la Guinée, d’abord dans la bauxite. Ensuite je me suis intéressé au minerai de fer et je suis arrivé sur l’affaire BSGR. J’ai laissé le Comité technique [ndlr: chargé de la remise à plat du secteur minier] travailler et me faire des propositions. Je n’ai jamais discuté de questions minières avec des responsables particuliers, tout simplement parce que ce n’est pas le rôle du président. »

En défendant se ainsi Alpha Condé ne veut laisser aucun doute plané sur lui quant à un éventuel rapprochement obscure avec son investisseur. Cette défense intervient au moment donc où ce Franco israélien est accusé d’avoir accordé des pots de vin à des tiers afin de s’adjuger les concessions minières sur le Simandou. L’affaire fait grand bruit et la suite ? Le milliardaire est débouté. En attendant, il ne semble pas avoir des rapports particuliers avec le président guinéen. Aucun deal. Mais, au vu du droit de regard des puissants du G-8, Condé n’a aucun choix si ce n’est de se conformer au diktat. Surtout que lui-même a fait une sorte de profession de foi. A l’invitation de Cameron, le président Condé a en effet voyagé à Londres avant la réunion. « Si nous voulons lutter contre l’exploitation et assurer la transparence, nous allons avoir besoin de l’aide du G-8», a déclaré le président Condé, dans un discours à Chatham House, le think-tank de la politique étrangère. Comme qui, il n y a pas assez de marge de manœuvre pour s’enrichir trop illicitement. Et c’est tant mieux pour la lutte contre la corruption transnationale.

Jeanne FOFANA, www.kababachir.com

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