Ce lundi, les Guinéens, après une semaine de cessation de travail, renouent avec les activités. C’est là la conséquence de la suspension, le vendredi 19 février de la grève générale et illimitée déclenchée le 15 février par l’inter-centrale syndicale CNTG-USTG. Une suspension qui, cependant ne fait pas l’unanimité. Intervenant à un moment particulièrement attendu et surtout sans aucun acquis à se mettre sous la dent au sujet de la proclamation revendication, elle est diversement appréciée par la base syndicale.
D’un côté, on a un groupe de travailleurs dont la situation est une des plus précaires qui, pousse un ouf de soulagement avec la suspension du mouvement. Vivant au jour le jour, ceux-là n’avaient aucun intérêt à ce que la grève s’étende à cette autre semaine. Autrement, ils seraient « cuits ». Et c’est dans cette catégorie qu’on retrouve beaucoup de chauffeurs de taxis et de minibus qui commençaient déjà à se soustraire du mot d’ordre des leaders syndicaux pour pouvoir de quoi nourrir la famille. Il se dit même qu’au nombre des facteurs qui ont décidé les leaders à opter pour la suspension, il y la crainte d’un éventuel qui résulterait de l’essoufflement du mouvement qui se serait alors traduit par une reprise progressive du travail. Bref, dans ce camp, on se félicite de la fin de la grève.
A l’opposé, une autre frange des travailleurs en général et ceux du secteur informel en particulier refusent de comprendre la décision des leaders syndicaux. D’autant que la manière n’y serait pas. D’abord, les opposants à la suspension trouvent qu’aucun acquis justifiant cette suspension n’a été obtenu. Par ailleurs, dans ce camp-ci, on ne comprend e particulier pourquoi est-ce que les syndicalistes qui ont refusé les propositions du gouvernement ont fini par accepter moins que celles-ci de la part d’une Assemblée nationale, qui de toutes les façons, n’est pas nécessairement, déterminante dans la mise en œuvre du protocole d’accord. Ceux qui composent ce camp, invoquant une démarche manquant de logique de leur part des responsables syndicaux, soupçonnent ces derniers d’avoir trempé dans une corruption. Tantôt, ils auraient reçu une somme faramineuse, tantôt, on leur aurait octroyé des parcelles de terrain. Il se dit même qu’ils auraient obtenu la promesse de gérer la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNSP) et l’Institut national d’assurance maladie obligatoire (INAMO). Indépendamment de l’objet de la corruption, ce camp se distingue donc par la méfiance qu’il entretient désormais avec les leaders syndicaux qu’il accuse d’avoir instrumentalisé les travailleurs à des fins égoïstes.
Anna Diakité, www.kababachir.com