A travers un accord signé hier entre le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Abdoulaye Yéro Baldé, et la chambre représentative des établissements d’enseignement supérieur privé (CRESUP), la crise de côté, est mise en berne. En berne seulement car, le gouvernement s’est engagé à commencer à apurer les arriérés dus aux universités privées dès le mois d’avril. Un engagement dont le respect seul empêchera le retour du bras de fer. Mais même sur l’immédiat, il convient de s’interroger sur l’impact de cet accord. En effet, intervenant dans le contexte de la grève actuelle, que vaut cette entente, quand on sait que les professeurs censés enseigner dans ces écoles, sont parties prenantes de la plateforme revendicative de l’inter-centrale syndicale ?
C’est à croire que les fondateurs des universités privées ont fait plier l’Etat pour rien. Tout au moins pour un résultat qui tardera à se concrétiser sur le terrain. En effet, loin de vouloir résoudre le problème crucial d’éducation et de formation des jeunes étudiants, l’Etat guinéen se préoccupe surtout des répercussions sociopolitiques d’un séjour trop prolongée de la classe estudiantine à domicile. Il est vrai qu’un tel contexte peut devenir très vite volatile. D’autant que le malaise social est particulièrement important par les temps qui passent.
Cependant, avec l’accord d’hier, le gouvernement ne peut être certain de s’être évité le risque redouté. En dépit de l’accord, dans de nombreuses universités, les cours n’ont pas repris et ne sont pas certains de reprendre de sitôt. Interrogés, des étudiants nous ont confié ne s’être pas rendus au campus parce que leurs professeurs sont en grève. Et c’est justement là le hic. Les Fondateurs sont d’accord pour la reprise, convaincus qu’ils sont, de rentrer en possession de leur dû dès le mois d’avril. Sauf qu’au sein du corps enseignant, ce n’est pas la même joie. Membres du Syndicat libre des enseignants de Guinée (SLEG), lui-même affilié à l’inter-centrale syndicale, les enseignants, tout au moins la majorité d’entre eux, sont en grève.
De ce fait, depuis lundi et indépendamment des brouilles entre les fondateurs des universités privées et le gouvernement, ils ne vont pas en classe. Une situation qui ne risque pas de changer quand on sait que le gouvernement et le mouvement syndical peinent toujours à trouver un terrain d’entente.
Anna Diakité, www.kababachir.com